"Les Petites filles" de Félix Vallotton, 1893. (détail).
Beaucoup a été dit sur l’étonnante et belle exposition Vallotton du Grand Palais. La période nabi du peintre (ou ce qui s’y apparente), l’étrangeté et l’audace des coloris, les perspectives renversées, les xylographies (ou bois gravés) au style d’une décapante modernité.
Fort prolixe sur les aspects narratifs de l’œuvre – et tout particulièrement sur l’érotisme de beaucoup de ses toiles, le parcours proposé au visiteur laisse aussi transparaître les tendances sociales et anarchisantes de Vallotton.
Or c’est précisément dans les bois gravés - comme L’Anarchiste (1892), La Charge (1893), La Manifestation (1893) ou L’Exécution (1894) – et avec l’usage elliptique et guerrier du noir et du blanc, que ces préoccupations sociales et politiques sont les plus flagrantes.
Félix Vallotton (1865-1925) s’aventure alors sur ce terrain-là de la gouaille et des habitus populaires de celui qui fut son contemporain : Jehan-Rictus (1867-1933) auquel il consacre un portrait en 1898. Il s’agissait alors d’illustrer le texte que Rémy de Gourmont consacre (entre autres) à Jehan-Rictus dans son ouvrage Le livre des Masques.
Jehan-Rictus est surtout connu pour les extraordinaires poèmes qu’il consacre au petit peuple, au monde de la misère et de la pauvreté (Les Soliloques du pauvre, qui furent illustrés par Steinlen). Son usage particulier de la langue et du « parler populaire » ne fut pas sans influencer Céline.
Le Cœur populaire (Poèmes, doléances, ballades, plaintes, complaintes, récits, chants de misère et d’amour. En langue populaire) est un des textes les plus violents de la langue française. La langue y est crue, drue. Hallucinatoire et sans concessions.
Livre aux Editions Blusson
L'exposition Vallotton au Grand Palais
L’Anarchiste, 1892.
Fort prolixe sur les aspects narratifs de l’œuvre – et tout particulièrement sur l’érotisme de beaucoup de ses toiles, le parcours proposé au visiteur laisse aussi transparaître les tendances sociales et anarchisantes de Vallotton.
Or c’est précisément dans les bois gravés - comme L’Anarchiste (1892), La Charge (1893), La Manifestation (1893) ou L’Exécution (1894) – et avec l’usage elliptique et guerrier du noir et du blanc, que ces préoccupations sociales et politiques sont les plus flagrantes.
Félix Vallotton (1865-1925) s’aventure alors sur ce terrain-là de la gouaille et des habitus populaires de celui qui fut son contemporain : Jehan-Rictus (1867-1933) auquel il consacre un portrait en 1898. Il s’agissait alors d’illustrer le texte que Rémy de Gourmont consacre (entre autres) à Jehan-Rictus dans son ouvrage Le livre des Masques.
Jehan-Rictus est surtout connu pour les extraordinaires poèmes qu’il consacre au petit peuple, au monde de la misère et de la pauvreté (Les Soliloques du pauvre, qui furent illustrés par Steinlen). Son usage particulier de la langue et du « parler populaire » ne fut pas sans influencer Céline.
Le Cœur populaire (Poèmes, doléances, ballades, plaintes, complaintes, récits, chants de misère et d’amour. En langue populaire) est un des textes les plus violents de la langue française. La langue y est crue, drue. Hallucinatoire et sans concessions.
« Car, ainsi font, font, font
les petites baïonnettes
quand y a Grève ou Insurrection,
car ainsi font font font,
deux p’tits trous… et pis s’en vont »
les petites baïonnettes
quand y a Grève ou Insurrection,
car ainsi font font font,
deux p’tits trous… et pis s’en vont »
Livre aux Editions Blusson
L'exposition Vallotton au Grand Palais